- ballonner
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• 1584; de 1. ballon1 ♦ Gonfler comme un ballon. — P. p. adj. Jupe ballonnée. « Les grosses outres molles des nuages ballonnés » (Colette).2 ♦ Faire enfler l'abdomen de. Les fourrages verts ballonnent les bestiaux. — P. p. adj. Avoir le ventre ballonné, distendu par les gaz intestinaux. Se sentir ballonné, le ventre ballonné.Synonymes :- bouffir- gonflerballonnerv. tr. Gonfler comme un ballon; produire le ballonnement.⇒BALLONNER, verbe.A.— Emploi trans.1. Gonfler, donner le bombement, l'arrondi, le volume d'un ballon :• 1. Un sourire qui allait de l'une à l'autre oreille ballonnait ses joues grasses et rapetissait ses yeux narquois dont l'angle externe disparaissait dans une patte d'oie de rides facétieuses.T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 183.• 2. Les deux messieurs ont allumé des cigarettes. Ils sortent, les voilà dans l'air pur, au soleil. Ils passent le long des grandes vitres, en tenant leurs chapeaux à deux mains. Ils rient; le vent ballonne leurs manteaux.SARTRE, La Nausée, 1938, p. 135.— En partic., MÉD. [Le compl. d'obj. désigne l'abdomen ou l'estomac] Distendre et gonfler par l'accumulation de gaz intestinaux; provoquer le ballonnement :• 3. On allait ensemble la nuit piller les mangeoires des chevaux. On en rapportait des fèves, de terribles fèves qui ballonnaient le ventre et qu'on mangeait tout de même, véritable nourriture de cheval.VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 376.— Absol., CHORÉGR. (cf. ballonné) :• 4. Vivian s'est élancé; il se détend en arabesque, retombe derrière Mlle Beaupré et la saisit à la taille, classiquement : — Il ballonne à la perfection, souffle M. Courtecuisse à l'oreille de M. le Directeur.P. MORAND, Rococo, 1933, p. 52.2. Emploi pronom. :• 5. Elle ne portait pas assez de jupons, ce qui ajoutait encore à ses allures masculines. L'autre, en revanche, se ballonnait tant qu'elle pouvait et mettait des robes ouatées, voulant dissimuler la maigreur de ses formes.REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 74.• 6. Le jour, j'avais des vertiges; je m'anémiais. Maman et le médecin disaient : « C'est la formation. » Je détestais ce mot, et le sourd travail qui se faisait dans mon corps. (...) je répugnais à l'idée de voir mon torse se ballonner; ...S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 102.— Figuré :• 7. Sir Ralph (...) était plus habile qu'eux tous [les amis] à laisser tomber ces riens de la vie intime qui se ballonnent au souffle obligeant du commérage.G. SAND, Indiana, 1832, p. 236.— Spéc., MÉD. Se distendre et se gonfler, devenir ballonné. Dans certaines maladies, le ventre se ballonne (Ac. 1932).Rem. Attesté d'autre part dans Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, LITTRÉ, Nouv. Lar. ill., DG, Lar. 20e, ROB. et QUILLET 1965.— P. méton. :• 8. Quand on fait chauffer pendant quelques minutes dans une étuve à 80 à 90 degrés un lapin vivant et un autre lapin qu'on tue à l'instant même, il arrive que le lapin tué se ballonne considérablement et que les gaz de son intestin augmentent considérablement, tandis que cela n'a pas lieu chez le lapin vivant.C. BERNARD, Cahier de notes, 1860, p. 44.— P. métaph. :• 9. (...) ta femme reconnaîtra (...) que tandis que son cœur gonfle et se ballonne de vapeurs, tu marches résolument, sans plainte, sans récompense, dans la voie du sacrifice, du devoir.PROUDHON, La Pornocratie, 1865, p. 222.B.— Emploi intrans. :• 10. La masse liquide ayant diminué dans la barque, la pression extérieure augmentait. Le gonflement du prélart grossissait. Il ballonnait de plus en plus. C'était comme un abcès prêt à s'ouvrir.HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 388.• 11. Du côté de Villegrande, une nuée sombre ballonne à l'horizon.R. MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, p. 1062.• 12. Sa nudité s'enveloppe d'un long peignoir fait de bandes alternées de satin rose et de valencienne. Cela ne fait qu'ennuager d'aurore et de blanc sa chair ambrée, s'enroule autour des jambes, ballonne sur les hanches...T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 120.— P. anal. avec l'emploi méd., supra. [Le suj. désigne l'abdomen] Se gonfler et s'alourdir par suite d'excès de table :• 13. Mais plutôt crever qu'en laisser [d'un pâté]. Il n'en est pas resté une miette. J'avais le ventre qui ballonnait.M. AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 181.PRONONC. :[
].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1584 « gonfler en forme de ballon » fig. (DU MONIN, Uranologie, e 4 b d'apr. Vaganay dans Fr. mod., t. 5, p. 71 : Ce souci qui ballonne ta tête), attest. isolée; 1835 méd. balonné (Ac.); 1838 méd. balonner (Ac. Compl. 1842).Dér. de ballon1; dés. -er.STAT. — Fréq. abs. littér. :31.ballonner [balɔne] v. tr.ÉTYM. 1584; de ballon.❖1 V. tr. (Sujet n. de chose). Gonfler comme un ballon; rendre rond comme un ballon. || Le vent ballonne les vêtements étendus sur le fil. || Les épaisseurs de chandails ballonnaient sa silhouette. — Au p. p. :1 Un grand vent s'est levé sur le soir. Il a séché la pluie, emporté les grosses outres molles des nuages ballonnés, porteurs de bénigne humidité.Colette, la Naissance du jour, p. 231.2 (…) les flancs ballonnés d'un épais nuage ourlé de feu blanc (…)Colette, la Vagabonde, III.♦ Faire enfler l'abdomen de… || Les fourrages verts ballonnent les bestiaux.2 Intrans. (Le sujet est une partie du corps). S'arrondir, s'enfler comme un ballon.3 (…) car elle était fort coquette en dépit de ses formes ballonnant de toutes parts, et de son âge.Christine de Rivoyre, la Mandarine, p. 109.4 — Ce n'est pas la poitrine que j'ai creuse, c'est mon ventre qui ballonne.Michel Déon, le Jeune Homme vert, p. 327.——————se ballonner v. pron.♦ Devenir ballonné. || Il a grossi, son visage s'est ballonné.♦ Spécialt. || Le ventre se ballonne dans certaines maladies.——————ballonné, ée p. p. adj.♦ || Jupe ballonnée. || Ventre ballonné.❖DÉR. Ballonné, ballonnement.
Encyclopédie Universelle. 2012.